Addictions et avancée en âge : prévenir les comportements à risque après 60 ans

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Pourquoi s’en préoccuper ?

Pourquoi s’en préoccuper ?

Avec l’avancée en âge, il est naturel de penser que certains risques reculent… mais la santé des personnes de plus de 60 ans mérite toute notre attention, notamment en ce qui concerne les addictions et les comportements à risque. Même après l’âge de 60 ans, la consommation d’alcool, de tabac ou de médicaments peut avoir des effets plus forts, et les risques liés à l’interaction de plusieurs traitements ou à des troubles associés augmentent. Il existe également d’autres addictions qui peuvent vous toucher à tout âge et à 60 ans, comme la dépendance au jeu, aux écrans (télévision, jeux en ligne, réseaux sociaux), aux achats compulsifs, à la nourriture, ou encore aux relations affectives et à la dépendance émotionnelle. En plus, l’isolement social, les changements de vie (retraite, pertes, diminution d’activité) peuvent favoriser des comportements à risque ou une nouvelle dépendance. Il s’agit donc non pas d’un discours alarmiste, mais d’une invitation à rester actif, informé, et à poser des actions de prévention pour bien vieillir, en pleine forme, en conservant son autonomie et sa qualité de vie.

Conseils pour prévenir les conduites à risque après 60 ans

Voici quelques conseils pour agir concrètement.

  • Adoptez un style de vie actif : marchez, bougez, privilégiez les activités de groupe pour stimuler le mental et limiter l’isolement.
  • Limitez la consommation d’alcool : même des quantités modestes peuvent avoir un effet accru à l’âge et accroissent le risque de chute.
  • Arrêtez ou réduisez le tabac : chaque cigarette reste un facteur de risque pour la santé, quel que soit l’âge.
  • Faites régulièrement le point sur vos médicaments et psychotropes avec votre professionnel de santé : surconsommation ou interaction peuvent créer une dépendance cachée.
  • Informez-vous sur vos traitements, demandez les outils d’accompagnement pour mieux comprendre vos choix. Les centres de prévention Agirc-Arrco proposent des bilans personnalisés, des entretiens individuels et des ateliers collectifs pour vous aider à mieux gérer la consommation d’alcool, de tabac ou de médicaments, et à renforcer votre équilibre de vie.
  • Gardez un lien social fort : participer à des activités, échanger, c’est aussi une action de prévention face aux tendances à la consommation d’alcool ou de médicaments liées à la solitude.
  • Faites une évaluation personnelle de vos habitudes : notez ce que vous consommez, à quelle fréquence, et interrogez-vous sur le « pourquoi ?».
  • Consultez un professionnel dès que vous notez un changement : difficultés à arrêter, envie importante, diminution de plaisir à d’autres activités, ces signes peuvent être ceux d’une addiction naissante. Les centres de prévention Agirc‑Arrco proposent en complément un bilan personnalisé (médical et psychologique) et, si besoin, un « parcours personnalisé de prévention » : rendez-vous individuels avec spécialistes, ateliers collectifs adaptés (nutrition, sommeil, mémoire…) afin de vous accompagner dans la gestion des consommations de tabac, alcool ou médicaments.

Comprendre les facteurs de risque liés à l’âge et aux consommations

Avec l’âge, plusieurs mécanismes changent, et cela mérite d’être bien compris pour mieux prévenir.

Tout d’abord, le métabolisme évolue : l’organisme élimine plus lentement l’alcool ou certains médicaments, ce qui augmente les effets secondaires ou les dommages.

Ensuite, la consommation de tabac ou d’alcool peut se maintenir ou réapparaître après 60 ans, parfois en réaction à un stress (retraite, perte, isolement) ou à une douleur chronique.

Le cumul des médicaments est aussi un facteur important : les seniors prennent souvent plusieurs traitements, ce qui augmente les risques de dépendance ou d’interaction.

Les psychotropes (sédatifs, anxiolytiques) sont également concernés : un usage prolongé ou non contrôlé peut devenir une addiction silencieuse, fragilisant la mémoire et le bon fonctionnement du sommeil.

Enfin, un diagnostic tardif de consommation excessive ou problème d’alcool ou de tabac est fréquent : les représentations sociales (par exemple “ Je consomme, comme tout le monde ”, “ Ce n’est qu’un petit plaisir ”, “ Je peux arrêter quand je le veux ”) freinent l’action.

Comprendre ces facteurs, c’est se donner les moyens d’agir à temps, et de préserver sa santé et son autonomie.

Les outils et les ressources d’action pour prévenir les comportements addictifs

Pour bien agir, voici des ressources et des outils à privilégier :

  • Des brochures d’information destinées aux seniors : elles permettent de mieux comprendre les risques liés au tabac, à l’alcool, aux psychotropes, et de savoir comment agir.
  • Des sessions de groupe dans des centres seniors ou associations : l’échange est un excellent moyen de prendre conscience et de se mobiliser.
  • Des évaluations avec un professionnel de santé ou d’addictologie : poser un rendez-vous, faire un point sur sa consommation, ses traitements, son environnement social.
  • Des plateformes en ligne fiables avec des informations validée. 
  • Des fiches d’auto-évaluation pour noter sa consommation d’alcool ou de tabac, ou l’usage de médicaments/psychotropes.
  • Des dispositifs de soins adaptés aux seniors : des consultations spécialisées en addictologie avec prise en compte de l’âge, des soins intégrés, des actions de prévention.

Mettre en place un suivi régulier, utiliser les outils d’auto-évaluation et les ressources d’information permet de traduire l’intention en action, et d’avancer avec sérénité.

Adapter les soins et l’accompagnement : de l’évaluation à l’intervention

Lorsqu’une personne après 60 ans souhaite agir, l’accompagnement doit être bien pensé. Un bon point de départ est l’évaluation de la situation : consommation actuelle (tabac, alcool, médicaments, psychotropes…), contexte de vie, état de santé général, traitements en cours.

Ensuite, les soins adaptés prennent en compte l’âge, la physiologie modifiée, et souvent un cumul de pathologies. Une intervention d’addictologie ne se conduit pas comme chez un jeune adulte : elle doit tenir compte du vieillissement, de la fragilité éventuelle, de la co-médication.

Les professionnels peuvent utiliser des outils calibrés pour les seniors, des modules d’accompagnement de groupe ou individuel, et des stratégies de prévention dès le stade de la consommation à risque.

L’action ici consiste à instaurer un plan personnalisé : réduction progressive, substitution, accompagnement social, suivi. Le lien entre soins médicaux, promotion de la santé et information est central.

En choisissant cette voie, on transforme un risque en opportunité : mieux consommer ou arrêter, renforcer sa santé, et profiter pleinement de ses années « après 60 ans » avec vitalité.

Bon à savoir : petits plus pour bien vieillir sans risque d’addiction

Voici quelques informations complémentaires utiles et souvent méconnues :

  • Même des quantités « modérées » d’alcool peuvent engendrer des effets renforcés après l’âge de 60 ans, à cause de la diminution de la masse corporelle et des modifications métaboliques.
  • Le tabac n’est jamais « trop tard » pour être arrêté : chaque cigarette évitée compte et améliore la santé à tout âge.
  • Les psychotropes ou anxiolytiques prescrits sur une longue durée peuvent masquer un début de dépendance : pensez à en parler au médecin et demandez des alternatives.
  • Le cumul de plusieurs traitements (poly-médication) augmente les risques d’interaction et de dépendance : une bonne habitude est de faire un « tri » annuel de ses médicaments.
  • Les programmes collectifs pour seniors sont plus efficaces quand ils combinent information, échange social et action : la dimension « partage » est un véritable outil de prévention. Les Centres de prévention Agirc-Arrco offrent un bilan médico-psycho-social gratuit, puis des parcours personnalisés comprenant des actions collectives (ateliers, conférences) et individuelles selon les besoins repérés. 
  • La prévention n’est pas uniquement une affaire individuelle : l’environnement, le réseau social, le soutien sont autant d’éléments d’outil pour agir durablement.


Quelques exemples d’exercices illustrant les recommandations

Exercices simples et concrets pour préserver sa santé et prévenir les addictions
Exercices simples et concrets pour préserver sa santé et prévenir les addictions

Voici quelques exercices à mettre en place :

  1. Journal de consommation : pendant 7 jours, notez vos prises d’alcool, de tabac, de médicaments/psychotropes (quand, pourquoi, combien). Cet outil permet une évaluation personnelle et aide à prendre conscience.
  2. Pause réflexive quotidienne : chaque jour, consacrez 5 minutes à vous poser la question : « Ai-je eu envie de consommer pour autre chose que le plaisir ? » Cela permet de détecter une dépendance naissante.
  3. Activité de substitution : chaque fois que vous auriez l’habitude de consommer (tabac, alcool…), remplacez-la par une promenade de 10 minutes, un exercice de respiration ou un échange avec un ami. Cette action permet de briser l’habitude.
  4. Entretien avec un professionnel ou un proche : une fois par trimestre, faites un point sur vos médicaments et psychotropes avec un médecin ou pharmacien : vérifiez les interactions, la durée, la nécessité.
  5. Participation à un groupe ou atelier : rejoignez un atelier senior (marche, activités, session d’information sur les addictions) : cela renforce le lien social, l’outil de prévention et donne une dynamique positive.
  6. Checklist santé mensuelle : créez une feuille où vous cochez : « J’ai bu plus que d’habitude ? J’ai fumé ? J’ai pris des médicaments supplémentaires ? Je me suis senti isolé ? » Cela permet de rester vigilant et de voir les tendances.

Ces exercices sont simples, accessibles, et conçus pour vous donner des habitudes positives, un sentiment de contrôle et une meilleure qualité de vie après 60 ans.